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Le battement d’ailes du photovoltaïque pour le changement

Un panneau photovoltaïque en Lombardie peut-il éviter la formation d’un ouragan à Haïti ? Dis comme ça, probablement pas, mais il est certain qu’on aperçoit déjà les effets positifs du fait que le photovoltaïque est récemment devenu l’une des ressources énergétiques les plus économiques : les panneaux photovoltaïques se répandent de plus en plus vite sur les toits de nos villes et sur les sites industriels.

L’énergie propre en Italie est certes en pleine croissance, mais pas suffisamment selon les objectifs prévus pour 2030 par l’Accord de Paris sur le Climat : Il est estimé que l’Italie ne parviendra à atteindre que 22% de sa consommation d’énergie provenant d’énergies renouvelables au lieu des 32% requis. Cela nous montre que la baisse de près de 90% du prix des panneaux photovoltaïques est un facteur ayant une grande influence sur la diffusion de cette technologie, mais qu’il reste encore beaucoup à faire d’un point de vue culturel.

C’est ainsi que la célèbre métaphore de l’effet papillon appliquée aux choix énergétiques n’est pas qu’une simple provocation, mais un appel important au sens des responsabilités. La plupart des défis d’aujourd’hui sont en réalité de portée mondiale et liés à des questions de nature écologique comme le changement climatique, les migrations environnementales et le développement durable. Et c’est dans cette optique mondiale nous prenons toutes nos décisions, en tant qu’individus et, surtout, en tant que pays, en matière d’énergie et de durabilité.

Finalement, comme beaucoup de particuliers et d’entrepreneurs, les institutions publiques ont décidé de s’adapter au changement : le décret de la loi n. 34/2019 – aussi appelé “Décret Croissance” pour le redressement de l’économie italienne et la préservation du Made in Italy, prévoit des mesures d’incitation dédiées aux communes italiennes pour la mise en place de sources d’énergies renouvelables.

L'article 30 en particulier, est désigné “Contributions aux communes pour les interventions visant à accroître l’efficacité énergétique et le développement durable au niveau territorial” et prévoit des contributions importantes pour les communes qui prévoient des opérations visant à limiter le gaspillage d’énergie et des ressources naturelles. Comme précisé plus haut, les mesures d’incitations concernent également l’installation de systèmes photovoltaïques, pour lesquels des avantages fiscaux importants sont prévus.

La protection de l’environnement ne se concrétise pas seulement à travers l’adoption de sources d’énergie propres: mobilité, gestion des déchets et réutilisation des matières premières sont les autres thématiques affectées par le décret. Les mesures d’incitation concernent donc également la destruction et l’acquisition de véhicules moins polluant et l’utilisation de produits recyclés. Pour protéger les arbres, il n’y a dorénavant plus de reçus lors de paiements par carte et même les petits commerces devront transmettre leurs documents au Fisc par voie électronique.

Le plus intéressant est de comprendre comment sera mis en place le décret 48 nommé “Dispositions en matière d’énergie”, qui nous rappelle directement les engagements pris par le Gouvernement Italien avec l’initiative Mission Innovation, à l’occasion de la Cop 21 de Paris. L’initiative exigeait de la part de tous les adhérents de multiplier par deux, au cours des 5 prochaines années, la part de financement public investie dans les activités de recherche, le développement durable et l’innovation des technologies pour une énergie propre. D’après le décret, le gouvernement semble vouloir tenir cet engagement : reste à savoir quels projets seront financés et de quelle façon.


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Les petits bijoux de l’Italie renouvelable

Un changement culturel se déroule toujours progressivement à partir de réalités limitées qui décident d’apporter des modifications au système de façon novatrice. Notre péninsule est parsemée de cas vertueux, des communautés qui ont décidé d’adopter de nouveaux systèmes pour préserver et défendre la Nature. Découvrons-en certains.

Au coeur du Haut Adige, dans la province de Bolzano, se trouve la commune du Val di Funes, un petit bijou environnementale niché au milieu des Dolomites. Par le passé, les habitants avaient résolu le problème de l’approvisionnement énergétique dû à l’isolation de la zone grâce à l’utilisation de générateurs à essence. Aujourd’hui, ils se sont réorganisés en créant l’Entreprise Énergétique Funes Société Coopérative” qui utilise des sources d’énergie renouvelables, ce qui permet de libérer le territoire des gazs polluants.
Seule, la coopérative produit plus d’énergie propre qu’ils n’en consomment et le surplus est revendu au niveau national, ce qui leur permet de réinvestir leurs revenus pour obtenir des remises sur la facture d’électricité ou pour perfectionner leurs installations.

Cela n’est qu’une des “100 histoires” de notre territoire que Legambiente a recueillie et présentée dans son rapport “Communes Renouvelables 2019”, au sein duquel il raconte le parcours du développement durable et le changement du système énergétique italien à partir des différentes communautés, un développement qui voit le bien-être augmenter grâce à une dépense énergétique réduite et une diminution des émissions polluantes.

Au-delà de la coopérative de Funes, ils existent de nombreux autres expériences positives, surtout relatives au secteur agricole, comme l’Entreprise Val Paradiso à Naro (près d’Agrigento), où sont cultivés 100 hectares d’olives biologiques, alimentés entièrement par des énergies propres. De même pour l’Entreprise Agricole Arte, située dans les Pouilles, entre Manfredonia et Cerignola, qui alimente sa propre production biologique de façon autonome grâce à une installation de biogaz depuis quatre ans. Et il y a également la commune de Cavalese dans le Val di Fiemme, Trentin-Haut-Adige, dont le système de chauffage urbain à base de combustibles issus de la biomasse produit assez d’énergie électrique et thermique pour remplacer 3 500 000 litres de gazole : le tout grâce aux déchets issus des scieries et des menuiseries locales.


Mais ces exemples ne sont pas étonnants. D’après le rapport de Legambiente, il émerge que les bonnes nouvelles arrivent toutes des territoires municipaux. Voici les chiffres : 7121 systèmes solaires thermiques au total, 1489 petites centrales hydroélectriques (répandus majoritairement dans le centre nord) et 1028 parc éolien (répandus majoritairement dans le centre sud) ; 4064 centrales de bioénergie et, enfin, 598 centrales géothermiques.


Le résultat est que 3054 communes, soit près de 40% du total, sont devenus autonomes d’un point de vue électrique et thermique. Et parmi celles-ci, 41 communes sont déjà alimentées à 100% au moyen d’énergies renouvelables. L’Italie se confirme donc “parmi les nations les plus en avance dans le monde et avec les opportunités climatiques et environnementales les plus importantes en ce qui concerne l’énergie propre”, écrit Legambiente. Et cela grâce à la grande disponibilité et variété de ressources fossil-free, répandus du nord au sud. En dix ans – comme l’explique toujours le rapport – “la production d’énergie renouvelable a augmenté de 50 milliards de kilowattheure (50 TWh) ce qui met en difficulté le modèle basé sur les énergies fossiles avec une contribution des énergies renouvelables qui est passé de 15 à 35% en ce qui concerne la consommation d’électricité, et de 7 à 18% pour la consommation globale”.

Finalement, les histoires qui montrent tous les jours comment faire sans les énergies fossiles en Italie ne manquent pas. Ce sont des histoires qui s’attaquent directement et avec de très bons résultats aux sujets de l’autoproduction et de la distribution locale. Mais cette Italie qui se tourne sur le territoire, et qui affronte les défis écologiques avec un souffle européen, est encore trop isolées et sous-estimée.


Photovoltaïque – Un coup d’oeil au niveau mondial

L’éolien et le photovoltaïque sont les systèmes qui semblent faire la différence,  à tel point que certains définissent ce dernier comme une carte maîtresse pour la croissance de l’Afrique. Le auvent photovoltaïque est aussi la technologie d’énergie renouvelable qui a le moins souffert en Italie au cours de ces dernières années compliquées. La raison est simple: grâce à la réduction du coût de la technologie, en dix ans,le prix de l’énergie photovoltaïque a diminué de 90%, alors que le coût de l’énergie provenant de combustibles fossiles continue d’augmenter. Tout cela fait du solaire un bon investissement, avec ou sans les avantages gouvernementaux.

La rentabilité de l’énergie solaire est également confirmée au niveau mondial par le dernier rapport de BloombergNEF (BNEF) : le New Energy Outlook 2019. D’après l’étude, dans près des deux tiers du monde, l’éolien et le solaire représente déjà l’option énergétique la plus économique. Il est estimé que d’ici 2050, “les coûts des technologies éoliennes, photovoltaïques et des systèmes de stockage se traduiront par un réseau alimenté à moitié par des sources d’énergies renouvelables”, avec l’éolien et le solaire qui passeront des 7% actuels à 48% de la production. À l’inverse, dans la répartition de l’énergie globale, le rôle du charbon passera des 37% actuels à 12%, avec la disparition quasi totale du pétrole comme source d’énergie, alors que la contribution de l’hydroélectrique, du gaz naturel et du nucléaire devrait rester assez stable. En ce qui concerne la baisse des coûts des panneaux solaires, des turbines et des batteries, elle est déjà en cours, mais BNEF retient que, surtout à partir de 2030, il sera nécessaire de développer de nouvelles technologies, comme le biogaz et l’hydrogène vert, pour garantir une limitation du réchauffement ne dépassant pas les 2°C et réduire les émissions une fois pour toutes


Le remboursement des communautés plus pauvres grâce aux énergies renouvelables

À côtés des nombreux bons exemples, il existe encore des réalités comme les aciéries de Taranto, qui soulèvent tellement de poussières de fer et de charbon durant les jours de grands vents que les enfants sont forcés de rester à l’école ou chez eux. Ou comme certains jardins publics de Brescia, forcés d’afficher des panneaux indiquant : “Ne pas piétiner”, parce que le sol est imprégné de dioxines, PCB et autres substances toxiques. Il est également interdit de manger les fromages produits près des usines de Portovesme en Sardaigne : ils contiennent aussi des substances vénéneuse. Et ainsi de suite. Des dizaines d’activités industrielles ont disséminé des zones contaminés par des substances chimiques dangereuses en Italie. Sans parler de toutes les subventions, directes et indirectes, qui sont encore octroyées en faveur de la consommation et de la production d’hydrocarbures. Près de 18,8 milliards d’euros, selon l’estimation de Legambiente.

Il y a également une étude à peine publiée par l’Institut Supérieur de Santé (ISS), qui analyse l’état de santé de la population résidente dans 45 lieux que le ministère de l’environnement a identifié comme “contaminés” et “présentant un intérêt” pour les bonifications: il s’agit de 319 communes pour 5,9 millions d’habitants. Parmi les nombreuses données intéressantes, et parfois préoccupantes, qui émergent du rapport, une corrélation existe clairement “entre l’exposition à des substances toxiques et les inégalités sociales”. Les chercheurs expliquent qu’au niveau national, “60% des communes analysées font partie des plus défavorisées d’après divers indicateurs socioéconomiques.”

Et ce discours, comme on peut s’y attendre, ne vaut pas seulement pour l’Italie : la tendance plus ou moins intentionnelle à exposer les communautés marginalisées à des doses plus importantes de substances polluantes et à les priver, par opposition, d’un accès à des ressources propres, est présente partout dans le monde. C’est le concept de “racisme environnementale”, introduit pour la première fois en 1982 dans un rapport du Government Accountability Office des États-Unis. Ce n’est pas une nouveauté : les centrales électriques, les oléoducs et les exploitations minières ne sont pas construites par hasard, elle surviennent de préférence dans les quartiers les plus pauvres, dans les villes les plus défavorisées et dans les pays les moins développés du monde.

Aujourd’hui en revanche, on peut observer une intéressante inversion de tendance. Quelqu’un s’est rendu compte que, pour les pays en voie de développement, les sources d’énergie renouvelables peuvent vraiment faire la différence, en fournissant l’énergie dont les habitants ont besoin pour leur bien-être, mais également en les aidant à s’insérer dans un marché vertueux et lucratif, destiné à avoir un rôle croissant dans le futur. Contre la vulgate qui voit les politiques vertes comme incompatibles avec les économies émergentes, la récente recherche de Blomberg Nef, Climatoscope 2018, a mis en évidence à quel point la course vers les énergies renouvelables est toujours plus exclusif aux pays en voie de développement. L’année 2017 a marqué un tournant, au cours de laquelle les nations émergentes ont vu les énergies renouvelables dépassé les énergies fossiles. À elles seules, les énergies éoliennes et photovoltaïques ont réalisé, dans les pays hors OCDE, 114 Giga watt e nouvelle capacité : presque le double des 63 Giga watt d’énergie renouvelable dont ont bénéficié les pays industrialisés.

En pratique, grâce à la baisse des coûts technologiques et à une plus grande disponibilité des ressources naturelles, en matière de transition les économies émergentes ont volé la vedette aux plus riches : un scénario qui aurait été considéré comme impensable il y a 10 ans. Si d’une part la pauvreté, les difficultés d’accès à un réseau et le manque d’infrastructures restent des obstacles majeurs sur la route du bien-être, les énergies renouvelables s’imposent malgré tout comme un allié fondamental pour garantir aux pays en voie de développement un réel changement.

Les conséquences d’un battement d’ailes

L’effet papillon semble être un concept poétique, et il l’est en partie, mais il est fondé sur des bases mathématiques et il est en rapport avec la théorie du chaos et avec la météorologie. Certains disent que l’expression “effet papillon” est inspirée du récit de Ray Bradbury "Un coup de tonnerre", de 1952, qui parle de voyages dans le temps. Pour résumé, un “touriste”, arrivé à un moment de la préhistoire, écrase un papillon, ce qui déclenche une chaîne d’événements hallucinants et imprévisibles pour l’histoire de l’humanité entière.

D’autres, préfèrent se référer au physicien Edward Lorenz, qui a écrit dans un article de 1963 : “un météorologue fit remarquer que si les théories étaient correctes, un battement d’ailes d’une mouette serait suffisant pour altérer le cours du climat pour toujours.” Dans des écrits successifs, Lorenz a remplacé la mouette par le papillon : “Les battements d’ailes d’un papillon au Brésil peuvent-ils provoquer une tornade au Texas ?” fut le titre d’une de ses célèbres conférences.

Que ça provienne de Bradbury, Lorenz (ou encore Turing) n’a que très peu d’importance, tout comme le fait qu’il s’agisse de battements d’ailes de mouette ou de papillon. Sans s’aventurer dans les détails scientifiques, le message de l’effet papillon, sous toutes ses facettes, est clair:

Le monde naturel est interconnecté et lié à un enchaînement complexe de causes et effets, au sein duquel une action seule peut avoir des conséquences imprévisibles. Il en découle que chaque geste est important, et prendre conscience du fait que les comportements individuels de personnes ou de nations ont une influence profonde sur l’environnement qui nous entoure, est l’un des défis les plus importants de notre temps.


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